Certains parcours professionnels laissent des traces invisibles sur les relevés de carrière. Les périodes d’emploi non déclarées, même régularisées par la suite, restent lettre morte pour l’ouverture des droits au chômage. Un contrat à temps partiel ne donne aucune garantie automatique d’indemnisation. Et lorsqu’un licenciement pour faute lourde tombe, la porte se referme, là où une rupture conventionnelle maintient la possibilité d’être indemnisé. Quant aux travailleurs indépendants, seuls ceux qui remplissent des conditions strictes verront leur activité éventuellement prise en compte dans le calcul des droits.
Les réformes les plus récentes ont resserré les mailles du filet : il faut désormais justifier d’un volume horaire conséquent sur une période plus courte qu’auparavant. Mieux vaut préparer un dossier irréprochable et respecter les délais imposés, sous peine de voir s’envoler des droits pourtant mérités.
Comprendre le droit au chômage : de quoi parle-t-on et qui est concerné ?
Le droit au chômage s’appuie sur un ensemble de règles précises, orchestrées par Unédic et appliquées par France Travail. L’allocation chômage, aussi appelée ARE (Aide au Retour à l’Emploi), compense la perte de revenus à la suite d’une rupture involontaire du contrat de travail. Démission, licenciement, fin de CDD ou rupture conventionnelle : chaque situation possède ses propres critères, mais le principe reste identique. Toute personne qui souhaite en bénéficier doit impérativement s’inscrire auprès de France Travail dans les douze mois qui suivent la perte de son emploi.
Un seuil d’activité s’impose : avoir travaillé au moins 130 jours ou 910 heures sur les 24 derniers mois (36 mois après 55 ans). Pour les travailleurs saisonniers, l’exigence grimpe à cinq mois de contrats saisonniers durant cette même période. L’indemnisation ne concerne que les pertes d’emploi involontaires. Vivre en France et être apte à travailler sont deux conditions incontournables.
Voici les points-clés à retenir pour bénéficier de l’ARE :
- France Travail est chargé du versement de l’ARE, sous l’œil vigilant d’Unédic.
- L’indemnisation passe par une inscription active, la fourniture d’un contrat de travail antérieur et la disponibilité effective pour retrouver un poste.
Le dispositif ne fait pas de distinction de statut : travailleurs saisonniers, salariés enchaînant les contrats courts, cadres dirigeants ou jeunes diplômés peuvent tous prétendre au régime, à condition de respecter les seuils d’activité. La réussite du dossier dépend largement de la précision des justificatifs et du respect des démarches administratives.
Êtes-vous éligible ? Les critères à remplir et les situations particulières
L’accès au droit au chômage repose sur des critères qui ne laissent aucune place à l’improvisation. La perte d’emploi doit résulter d’un licenciement, d’une rupture conventionnelle, de la fin d’un CDD ou, plus rarement, d’une démission légitime. Ceux qui perçoivent déjà une retraite à taux plein ou anticipée voient leur demande écartée d’office.
Autre exigence : le contrat de travail doit attester d’au moins 130 jours ou 910 heures d’activité sur les deux années précédant la rupture (ou trois ans après 55 ans). Pour les travailleurs saisonniers, il faudra justifier de cinq mois de contrats saisonniers sur la même période. L’aptitude à occuper un emploi et la résidence effective en France sont également requises.
Certaines situations sortent du cadre classique. Un entrepreneur peut percevoir simultanément l’ARE et des revenus professionnels, tant que la somme globale ne dépasse pas le salaire de référence. La formation ou la création d’entreprise, via l’ARCE, change la donne : dans ce cas, l’ARE ne peut plus être cumulée. Enfin, reprendre un emploi salarié peut permettre de rallonger la période d’indemnisation, un mécanisme appelé « rechargement des droits ».
Pour s’assurer de remplir toutes les conditions, il faut veiller à :
- Élaborer un Projet personnalisé d’accès à l’emploi (PPAE) lors de l’inscription.
- Effectuer sa démarche auprès de France Travail dans les 12 mois suivant la fin du contrat.
- Présenter des justificatifs sans faille : contrats de travail, attestations, bulletins de paie.
Montant, durée, démarches : ce qu’il faut savoir pour faire valoir vos droits et utiliser les bons outils
Le calcul du montant de l’ARE s’appuie sur le Salaire Journalier de Référence (SJR). Deux formules existent, et c’est la plus avantageuse qui s’applique : 40,4 % du SJR augmenté de 13,18 €, ou bien 57 % du SJR, dans la limite de 70 % du SJR. Le montant ne peut descendre sous 32,13 € par jour, et il ne dépassera pas 294,21 € brut journalier (données au 1er juillet 2025). Depuis avril 2025, le versement s’effectue sur la base de 30 jours calendaires, ce qui simplifie la lecture du bulletin de paiement.
Le SJR se calcule sur les 24 derniers mois d’activité (36 mois après 55 ans), en tenant compte des salaires bruts reçus, hors indemnités de rupture et périodes non travaillées (ces dernières sont plafonnées à 70 % des jours travaillés). Certaines absences, maladie, congé maternité, activité partielle, réintègrent exceptionnellement la période de référence. Les indemnités de licenciement, de préavis, de non-concurrence ou les congés payés ne figurent pas dans l’assiette de calcul.
Pour bénéficier de l’allocation chômage, chaque étape compte : inscription auprès de France Travail dans l’année suivant la perte d’emploi, transmission des pièces justificatives (contrat de travail, attestations, bulletins de salaire). Depuis avril 2025, la dégressivité ne s’applique plus aux demandeurs de 55 ans et plus. Attention : l’ARE est soumise à la CSG, à la CRDS et à l’impôt sur le revenu.
Pour mieux anticiper votre parcours, deux réflexes sont à adopter :
- Se servir des simulateurs en ligne de France Travail pour obtenir une estimation personnalisée de ses droits.
- Préparer chaque étape, du dépôt du dossier à la mise en œuvre du projet personnalisé d’accès à l’emploi (PPAE).
Le droit au chômage n’est jamais une évidence, mais une construction patiente, faite de démarches précises et de règles à maîtriser. Ceux qui franchissent le cap le savent : il ne s’agit pas seulement de compensation, mais d’un nouvel élan vers l’avenir professionnel.