Âge de la retraite en Russie : tout ce qu’il faut savoir

Un chiffre brut pour commencer : en 2019, l’âge légal de départ à la retraite en Russie a cessé d’être une simple formalité administrative pour devenir un enjeu de société. Depuis cette date, il grimpe chaque année, suivant la cadence fixée par la réforme votée en 2018. La transition s’étend jusqu’en 2028, avec des paliers distincts pour les femmes et pour les hommes.

La législation russe, loin d’être monolithique, accorde des exceptions à certains métiers, et prévoit des dispositifs spécifiques pour le départ anticipé. Résultat : discussions animées dans les syndicats, inquiétudes sur le marché du travail, et tensions palpables chez ceux qui voient reculer l’horizon du repos bien mérité.

Comprendre l’évolution de l’âge de la retraite en Russie : contexte et principales réformes

Remontons quelques décennies en arrière. À l’époque soviétique, le système de retraites russe reposait sur deux chiffres gravés dans la loi : 60 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes. Ce seuil est resté figé, imperturbable, jusqu’à ce que la réalité démographique vienne troubler la donne. Allongement de la vie, déséquilibre générationnel, finances sous pression… En 2018, le gouvernement décide de bouger les lignes. La réforme des retraites s’impose, avec un objectif affiché : assurer la pérennité de la caisse de retraite face à une population vieillissante et à un système qui vacille.

Le calendrier est clair : chaque année, l’âge légal de départ monte d’un cran, jusqu’à atteindre 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes à l’horizon 2028. Cette annonce, portée par le premier ministre puis entérinée par Vladimir Poutine, provoque une onde de choc sociale. Une partie de la population s’insurge contre ce relèvement jugé abrupt, dans un pays où l’espérance de vie reste à la traîne par rapport à l’Europe de l’Ouest.

La réforme des retraites en Russie ne s’arrête pas à une simple modification d’âge. Certaines professions exposées à la pénibilité ou considérées comme stratégiques conservent des dérogations. On revoit aussi les conditions de la retraite anticipée, qui intègre désormais un système de points et une durée de carrière minimale. Ce virage progressif vise à rapprocher la Russie des standards internationaux, tout en évitant de fracturer un système déjà fragilisé par la démographie.

Quels sont les critères actuels pour partir à la retraite ou bénéficier d’un départ anticipé ?

Depuis la réforme de 2018, partir à la retraite en Russie ne se résume plus à une question d’âge. Le départ à la retraite se construit désormais sur plusieurs critères précis. Fixé à 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes d’ici 2028, le seuil d’âge ne suffit pas à ouvrir les droits. Il faut aussi prouver un parcours professionnel bien rempli et valider un nombre minimum de points pension, calculés à partir des périodes de travail déclarées et des cotisations versées à la caisse de retraite.

En 2024, pour toucher la pension mensuelle de base, il faut afficher au moins 15 années de carrière déclarée et totaliser 30 points. Mais la retraite anticipée n’a pas disparu : elle reste accessible à certaines catégories. Les métiers classés « pénibles », industrie lourde, exploitation minière, sécurité, permettent un départ plus tôt. Les femmes ayant élevé trois enfants ou plus y accèdent aussi, tout comme les personnes reconnues invalides ou confrontées à des situations sanitaires exceptionnelles.

Pour y voir plus clair, voici les principaux critères à remplir :

  • Âge de départ : 65 ans pour les hommes, 60 ans pour les femmes (progression jusqu’en 2028)
  • Durée minimale de carrière : 15 ans déclarés
  • Seuil de points pension : 30 points (en 2024)
  • Départs anticipés : métiers pénibles, maternité multiple, invalidité reconnue

Les dossiers sont passés au crible par la sécurité sociale en Russie. Chaque année cotisée, chaque déclaration de revenus compte pour le calcul de la pension mensuelle. Ce mécanisme responsabilise les travailleurs et vise à renforcer la robustesse du système de retraites. Pour beaucoup, cela signifie : surveiller de près son relevé de points, et parfois, prolonger sa carrière pour remplir les conditions.

Document de retraite russe avec pièces et lunettes sur une table

Comment la Russie se situe-t-elle face aux autres pays européens sur l’âge de départ à la retraite ?

Mettre la Russie face à ses voisins européens, c’est observer un jeu d’équilibre entre traditions et réalités économiques. L’âge de départ à la retraite russe se fixe à 65 ans pour les hommes, 60 ans pour les femmes, alors que l’Allemagne annonce 66 ans, la France vient d’adopter 64 ans, et l’Italie ou l’Espagne visent les 67 ans. Partout, la barre monte, poussée par la pression démographique et la nécessité de garantir la viabilité des systèmes.

Un point frappe : la différence d’âge de retraite hommes-femmes reste marquée en Russie, là où la plupart des pays européens tendent vers l’égalité. Ce choix s’explique en partie par l’espérance de vie masculine, nettement inférieure à celle des femmes, une réalité démographique qui pèse sur la structure du système de retraites national.

Autre aspect, le niveau des pensions. En Russie, leur pouvoir d’achat reste limité comparé à l’Europe occidentale, où les montants sont soutenus par des systèmes de capitalisation plus développés et des niveaux de vie plus élevés. Les chiffres sont sans appel : la France consacre près de 14 % de son PIB aux retraites, la Russie ne dépasse pas les 8 %.

Pour mieux cerner les différences, voici quelques repères :

  • Âge de départ en Russie : 65 ans pour les hommes, 60 ans pour les femmes
  • Moyenne dans l’Union européenne : entre 64 et 67 ans, hommes et femmes confondus
  • Pouvoir d’achat des pensions : plus faible en Russie

La Russie avance donc à son rythme, prolongeant une différenciation hommes-femmes que ses voisins européens abandonnent progressivement. Un choix qui dit beaucoup des priorités, des contraintes et des héritages propres à chaque société. La retraite, ici, n’est pas qu’un chiffre : c’est un miroir tendu à toute une nation.

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