Impact de la forte inflation sur les marchés financiers : causes et effets

Le chiffre a fait l’effet d’un électrochoc : en 2022, le taux d’inflation en zone euro a franchi la barre des 10 %, du jamais-vu depuis plus de quarante ans. Ce dérapage a secoué les marchés financiers, bouleversant la valorisation des actifs et la façon dont les investisseurs appréhendent le risque.

Dans ce contexte, certains secteurs ont déjoué les pronostics et résisté, alors que les traditionnelles valeurs refuges n’ont pas tenu leurs promesses. L’offensive des politiques monétaires restrictives, engagée pour freiner l’inflation, a catalysé la volatilité et chamboulé les stratégies de placement.

Pourquoi l’inflation s’emballe : comprendre ses causes et ses différentes formes

La hausse rapide des prix ne relève pas du hasard. Derrière l’inflation, mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) ou son équivalent harmonisé (IPCH), se cache un enchaînement de causes : accélération de la masse monétaire, flambée des prix des matières premières, tensions géopolitiques.

Depuis 2021, l’Europe a vu l’inflation franchir le seuil des 10 %. Plusieurs ressorts se combinent, parfois à rebours des schémas classiques enseignés en économie. La pandémie a d’abord engendré une hausse des coûts logistiques et désorganisé les chaînes d’approvisionnement. Ensuite, la guerre en Ukraine a provoqué une explosion des prix de l’énergie et des matières premières. Gaz et pétrole sont partis à la hausse, gonflant le coût de production de la plupart des biens. Résultat : la hausse des tarifs se répercute sur la facture d’électricité, à la pompe, jusque dans les rayons. En France, le bouclier tarifaire a permis de limiter la casse, sans faire disparaître les effets de cette flambée.

Les formes d’inflation

Trois grandes dynamiques expliquent la diversité des situations inflationnistes observées :

  • Inflation par la demande : lorsque la consommation progresse rapidement, tirée par une politique monétaire très accommodante, elle finit par faire grimper les prix.
  • Inflation par les coûts : la hausse des prix des matières premières et de l’énergie se diffuse à tous les secteurs, alourdissant les charges pour les entreprises.
  • Inflation importée : un euro faible face au dollar renchérit le coût des importations, et ce surcoût se retrouve dans les prix à la consommation.

La Banque centrale européenne (BCE) se retrouve devant une équation complexe : contenir la hausse de l’indice des prix à la consommation sans étouffer la croissance. Selon les secteurs et les pays, l’inflation redessine la cartographie des risques et des opportunités sur les marchés.

Marchés financiers face à la forte inflation : quels effets sur les actions, obligations et autres actifs ?

La forte inflation bouleverse en profondeur les marchés financiers. Première conséquence visible : la hausse des taux d’intérêt imposée par les banques centrales, notamment la BCE. Cette stratégie vise à ralentir la dynamique inflationniste en rendant le crédit plus cher. Pour les obligations, le choc est immédiat : les anciens titres, moins rémunérateurs, perdent de leur valeur face aux nouvelles émissions plus attractives. Même la dette souveraine n’est pas épargnée et les porteurs d’obligations accusent des pertes.

Du côté des actions, la hausse des taux d’intérêt agit comme un agent corrosif. Les valeurs sensibles à la conjoncture, telles que la technologie ou la consommation discrétionnaire, encaissent des corrections sévères. L’accès au financement devient plus coûteux pour les entreprises, et la rentabilité attendue s’en trouve réduite. Dans ce climat, certains secteurs tirent leur épingle du jeu : les sociétés liées aux matières premières, les producteurs d’énergie, ou les groupes capables de répercuter la hausse des prix sur leurs clients affichent une résilience remarquable.

L’euro fait aussi les frais de l’écart entre politiques monétaires. Face au dollar, la monnaie unique s’est affaiblie, ce qui renchérit les prix importés. Pour les investisseurs institutionnels, la période se caractérise par une volatilité renforcée, des arbitrages constants entre rendement et risque, et un regain d’intérêt pour la gestion active. Certains actifs concrets, comme l’immobilier ou les infrastructures, regagnent en attractivité, utilisés comme remparts contre la perte de valeur de la monnaie.

Allée de supermarché avec étiquettes de prix élevées et clients confus

Investir en période d’inflation : stratégies concrètes et enseignements macroéconomiques

L’augmentation du coût de la vie, la pression sur le pouvoir d’achat, la volatilité : la forte inflation vient bouleverser les habitudes des investisseurs, qu’ils soient institutionnels ou particuliers. Si la mécanique de l’inflation est bien connue, le contexte actuel en modifie les effets. En France, l’indice des prix à la consommation progresse de plus de 5 % sur douze mois, tiré par le bond des prix de l’énergie et des matières premières. La hausse des taux d’intérêt décidée par la BCE rebat les cartes pour le crédit, l’épargne et l’investissement.

Face à cette situation, les stratégies d’allocation évoluent. L’immobilier, actif tangible par excellence, revient en force comme protection contre l’érosion monétaire. Les entreprises capables d’ajuster leurs prix, particulièrement dans l’agroalimentaire ou l’énergie, sont surveillées de près : elles arrivent à préserver leurs marges malgré la hausse généralisée des coûts. À l’inverse, les secteurs qui subissent la hausse des charges sans pouvoir négocier des prix de vente plus élevés voient leur valorisation reculer.

Voici quelques pistes concrètes d’investissement adaptées à ce climat :

  • Actions de sociétés avec pricing power : entreprises en mesure de répercuter l’augmentation des coûts sur leurs tarifs.
  • Obligations indexées sur l’inflation : leur coupon évolue avec l’IPC, offrant une protection contre la hausse des prix.
  • Or et matières premières : valeurs traditionnelles pour se prémunir de la perte de valeur de la monnaie.

Le contexte macroéconomique reste marqué par une augmentation des coûts pour les ménages et les entreprises, un euro chahuté face au dollar, et une politique monétaire plus stricte. Les arbitrages se multiplient, la diversification retrouve toute sa place. Cette période impose une gestion agile, une veille continue et des ajustements rapides des portefeuilles. Rester en mouvement, s’adapter, voilà la clef pour traverser les turbulences inflationnistes sans s’y brûler les ailes.

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